Tuesday, March 9, 2010

Que dire du Sacrifice ?



Certains mots ont le don de me déranger. Pour moi l’atmosphère qu’ils charrient est contre-nature. J’aime tout ce qui est gai, léger, enthousiasmant et le vocable « sacrifice » ne fait pas partie du lot. Rien qu’a m’en entendre suggérer l’idée me fait flipper. J’aime mieux « artifice ». Au terme sacrifice j’associe les cordes et la contrainte tandis qu’artifice me rappelle les pluies d’étoiles. Mais avec un peu de bonne volonté, on peut déceler une certaine proximité des deux termes : ils évoquent le dépassement de soi !


Je me rappelle qu’au secondaire, l’établissement que je fréquentais mettait au point chaque année, pour le Carême, tout un programme de pratique du sacrifice associé au dépassement de soi: l’ascèse comme ils aimaient à le nommer. Cela a-t-il changé grand-chose à ce que nous étions ? Je présume qu’au moins chacun eut à enrichir son vocabulaire du mot ascèse qui m’avait paru extraterrestre à l’époque.

Ce programme insistait davantage sur le coté alimentaire du sacrifice. Je vous explique : on devait continuer à consacrer un budget spécial aux sucreries, gourmandises et frivolités du genre sauf que cet argent on le verserait en fait dans les petites caisses à l’intention des pauvres disséminées discrètement sur la cour de recréation. On nous tenait là où c’était le plus sensible mais aussi le plus accessible. Je dois souligner que, parallèlement, à l’unique bar de l’école, les produits déconseillés pour la saison restaient exposés à notre convoitise comme pour reconstituer la scène de la tentation du Christ au désert. Mais ils se vendaient moins bien, le regard et le jugement de l’autre obligent ! Même que la gente éducatrice nous accordait une attention proche de la tendresse pendant le Carême. Le taux des punies pour le samedi matin baissait considérablement comme pour illustrer le concept de la bonté qu’ils essayaient de nous inculquer.

Le plus clair de ma journée consciente se passait à l’école ou je n’avais pas d’autre choix que de montrer intelligente et tirer le meilleur parti de la situation. Il n’y a jamais existé de moment plus idéal que le Carême pour mener une cure d’amaigrissement stricte avec le plus fort taux de réussite aussi, commençant ainsi ma préparation pour la saison estivale! Et puis, une partie l’argent que le regard des autres ne pouvait intercepter servait à m’acheter une nouvelle tenue (biquini à croquer…) pour aller fleurir les plus belles plages d’Haïti.

Bref ! Une chose est sure : je m’abstiens volontiers d’exposer mes opinions sur la question du sacrifice si je ne suis pas expressément amenée à le faire. Ce concept renferme trop de controverse surtout sur le plan de l’implication personnelle. Le fait que la majorité le perçoit surtout comme une obligation, quelque chose à laquelle on ne peut décemment opposer son veto me met mal à l’aise.

Le canevas que propose le "sacrifice" est trop rigide à mon gout sauf pour les Saints patentés ou ceux appelés à le devenir.


A la prochaine ou vous m’en direz autant !


Lilou