Tuesday, July 27, 2010

La Promesse


L'épisode ne devait pas durer depuis longtemps, pourtant, elle commençait à trouver le temps long. Non qu’elle n’appréciât la situation ou quoique ce soit d’autre du décor. Elle commençait tout simplement à trouver le temps long. D’autant plus qu’elle ne se départissait toujours pas entre la réalité et l’incroyable. Elle se demanda léthargique ce que sa mère penserait d’elle si elle la voyait là, maintenant.
Voila ! Comme la majorité des humains, elle franchissait ce cap.
Elle était étalée sur le dos dans les pétales bleus de ces draps. Son ami allait et venait, s’enfonçait frénétiquement en elle. La voie nouvellement libérée résonnait encore d’une légère brûlure à chaque pénétration. Leurs deux corps moites se mélangeaient derrière cette porte qui menaçait à tout instant de s’ouvrir. Cette fusion qu’elle aurait jurée impossible voila une heure seulement…
Elle s’ouvrait, offerte à lui à chaque rencontre.
Elle la voulait cette union, jusqu’au plus profond de son être.
Ses paupières mi-closes fouillaient dans les siennes, y cherchant un point d’attache au risque de s’évaporer. D’autres paumes se glissèrent dans les siennes et le mouvement stoppa. Un instant de détente pensa-t-elle car il demeurait en elle.
Il parcourut son visage de la tendresse de son regard fiévreux.
« Je t’aime ».
Il avait chuchoté tout contre son oreille avant de se replonger dans son regard à elle.
Perplexité parfaite ! Elle ne se le serait jamais imaginé. Elle se promit de réfléchir à sa «surprise» plus tard.
Des doigts se glissaient dans ses cheveux emmêlés sur l’oreiller. Ses cheveux qu’elle détestait en d’autres circonstances…
La profondeur de son baiser lui oppressait les lèvres et le cœur.
Le mouvement reprit. Sa tension flécha. Toutes les fibres de son être semblaient se convulser. Plus aucune douleur… Seulement une soif de remplissage, un besoin irraisonné d’infini. Ce devait être ca, l’extase…
Déjà elle n’y songeait plus, seul le corps sur le sien qu’elle touchait avidement de tous ses membres semblait pouvoir répondre à son appel. Elle ne sut plus très bien ce qui se passa ensuite…
Il s’est retiré. Elle prit conscience de son identité propre lorsqu’il la fit pivoter sur le coté. Il la tenait enlacée contre sa poitrine, ses jambes emprisonnant les siennes.
Elle sentit la tension se soulager dans ses jambes et s’apaiser le léger tremblement qui s’en était emparé. Elle éprouva alors une telle lassitude et en même temps un tel bien-être…
Le parfum de sa peau à lui envahissait ses narines. Elle glissait vers une légère torpeur que même la menace de la porte ne pouvait évacuer.

Des doigts se promenaient sur son flanc exposé. Elle le regarda.
Il semblait tout entier transposé dans ses extrémités qui suivaient la courbe se dessinant à leur contact. Elle le voyait. Un petit garçon explorant son nouveau jouet : c’était ce a quoi il ressemblait. Elle mira ses lèvres charnues. Elle ne se souvenait plus de l’épaule sur laquelle il avait appuyé un baiser. Elle devra surveiller la marque si elle voulait avoir la paix la semaine durant. Leurs regards se croisèrent à nouveau. Sourires un tantinet gênés…
« Je me sens lasse, j’ai sommeil, pas toi ? »
Son sourire parla plus que l’aurait fait sa bouche. Il resserra son étreinte. Elle s’abandonna en pensant à l’heure qu’il devait être. Elle se promit de ne pas trop s’attarder sous peine de s’assoupir pour un temps que, vu la nouveauté de la situation et l’état d’esprit qu’elle avait provoquée, elle ne pouvait déterminer à l’ avance.
Désormais, elle appréhendait le pire : se dresser nue devant ce garçon, presqu’un etranger pour elle. Elle se conforta : il devait surement être dans les mêmes dispositions qu’elle.
Le temps passait. Elle se décida.
« Va falloir que je me sauve !?!
Silence. Elle bougea cherchant son regard. Elle prit conscience de sa petitesse face à la poitrine qui l’abritait. L’étreinte se relâcha à regret. Un soupir… Ce fut la seule réponse.
Elle roula vers l’autre bord du lit. Elle enfila en hâte sous-vêtements et jeans. Le t-shirt cramoisi était complètement froissé. Pas le choix ! Elle s’assit sur le lit et se le passa. Son reflet dans le miroir lui sauta aux yeux… Elle fuit.
Son sac !?! Il avait du atterrir sur le plancher. Pourvu que son portable ne soit pas endommagé !
Elle l’attrapa, le bourra de son contenu qui s’était un peu renversé, se passa un peigne dans sa maigre tignasse.
Il contournait l’angle opposé du lit. Sa démarche nonchalante et assurée se planta devant elle. Elle leva la tête, il avait les mains dans ses poches. Elle remarqua qu’il s’était revêtu. Ils se regardèrent timidement un instant. Puis il lui passa les bras autour de la taille. Se hissant sur ses orteils, elle répondît, surprise, à son étreinte.
Puis Il la relâcha, se pencha vers l’avant, attrapa d’une main le sac et de l’autre sa main libre. Elle mit ses sandales et ils se dirigèrent vers la porte qui s’ouvrait enfin. Il la précéda sur le palier et s’appuya contre le premier bout de rampe venu.
Elle passait devant lui, il l’attira doucement et la retint prisonnière.
« J’aurais voulu que tu ne partes jamais ».
Que répondre à ça ? Elle ne le savait que trop : silence !
Il fixa un nuage inondé de soleil.
« Un jour, on restera ensemble le temps qu’on voudra. Tu le veux bien, toi ? »
Elle le voulait. Ils se sourirent... se relâchèrent, son regard à lui dans le vague. Il la raccompagna vers sa voiture. Elle s’y installa et mit le contact. Il s’accouda à la portière, la regardant encore.
Elle le voyait sous un autre jour. Elle en avait soupçonné l’existence mais n’avait pas voulu y croire. Elle attendit. Il semblait avoir quelque chose à dire. Il jeta un regard d’envi au siège de passager vide sur le moment.
« C’est ce que tu veux aussi, right ? »
Elle hocha la tête.
Il appliqua un baiser rapide sur la joue, se redressa et tapa sur la portière. Le signal du départ !
Elle détourna son regard, se concentra sur les signaux lumineux du tableau de bord espérant rassembler son esprit, débraya. Un dernier sourire à son adresse, elle démarra tout en s’efforçant au calme.

Lilou

Saturday, July 3, 2010

J’écris un poème



Pour résoudre un problème,


J’écris un poème.


J’y aborde ou non le thème,


J’y sème mes anathèmes,


Ensuite, je reste rarement la même.



Je me tire les vers du nez.


Je m’arrache les cheveux.


Je tourne, me retourne dans mon pieu


Pour déloger ces larmes bleues


Qui inondent ma trachée.



Quand tarit enfin cette lugubre marée,


Je regarde perplexe ma feuille de papier


Pour découvrir l’inscription durement crachée


De codes et hiéroglyphes entrecroisés


Que moi, l’auteure confirmée,


Arrive à peine à déchiffrer.



Lilou

Sortileges




Un soir de clair de lune,


Une sirène, sur un étang,


Accoucha d’une portée d’anges.


Puis la fureur du vent


Dans sa chevelure larmoyante…



Les jumeaux planèrent longtemps


Sur la fureur de vent.


La terre clémente


Misa son dû et son pigment


Contre ces fils de l’étang


Et leur malheureux tourment…



Puis la sirène traversa le vent


Sous sa cape d’argent…


Elle défia le temps,


David et son géant…



Sur le sentier qui l’amenait au volcan,


Elle vogua entre ces nuages blancs,


Témoins d’éruptions d’antan.



Elle volait d’une aile légère,


De fleur en fleur,


Les yeux rivés


Sur des beautés-sentinelles ;


Ces beautés plus fragiles que l’horreur


Qui n’attendent plus l’hirondelle.



Les fils de l’étang


Puis leur malheureux tourment


Défièrent le temps,


David et son géant,


La fureur du vent,


Dans la chevelure,


D’une sirène larmoyante,


Témoin d’éruption d’antan…



Lilou